Je suis… Justine Tonso

Rencontre avec Justine Tonso, sportive de haut niveau atypique qui a toujours le sourire. Elle nous raconte son quotidien mais aussi les dificultés que peut rencontrer un sportif de haut niveau.

1Que fais-tu en dehors du sport ?

En dehors du sport, je suis mes études en commerce à l’EDHEC de Nice avec un Bachelor sur 4 ans, en e-learning. Et après je vois mes amis, ma famille, je dessine, je lis, j’écoute de la musique. Je me détends de mes longues journées d’entraînements et de cours.

 

Comment gères-tu ton double projet ? Est-ce que c’est difficile ?

Le e-learning a vraiment été ma solution pour poursuivre tous mes rêves. C’est-à-dire, le sport de haut niveau, mais aussi des études de haut niveau. De plus, ce mode de fonctionnement me permet dans un premier temps d’être tout le temps libre pour mes stages, mais aussi et surtout d’avoir un rythme de vie moins intense que si je devais suivre des cours magistraux. J’ai mis du temps à m’habituer à ce type d’enseignement. L’année dernière n’a pas été une année tendre au niveau psychologique et physique, et ce changement d’enseignement n’a pas aidé. Mais cette année j’ai réussi à trouver mon équilibre. Je réussis avec brio mes examens, je peux m’entraîner facilement et je garde une vie sociale.

 

Comment arrives-tu à pratiquer 2 disciplines à haut niveau ? Est-ce que ce n’est pas trop fatiguant ?

J’ai toujours pratiqué la multi-activité donc, deux finalement ce n’est plus beaucoup… Trêve de plaisanterie, c’est en partie vraie mais c’est surtout la région où j’habite qui me permet de réaliser ces deux activités. L’hiver les montagnes du Mercantour sont enneigées et me permettent de pratiquer le ski de randonnée et l’été je suis sur le vélo. C’est tout simple finalement. Les deux disciplines me font progresser dans tous les domaines confondus. Au niveau physique on retrouve les mêmes types d’efforts.   Au niveau technique le VTT m’apporte de l’engagement dans les descentes et l’environnement hostile du ski alpinisme me rend plus forte mentalement entre autres.

Au niveau de la fatigue je dois être vigilante sur le nombre de courses que je réalise. Maintenant que je suis dans des catégories plus élevées, je dois choisir de privilégier d’une année à l’autre, l’un des deux sports. Je réalise cette organisation, car ces sports sont mon équilibre et mes passions, mais je dois aussi me préserver pour durer sur le long terme. De plus, finalement tous les sportifs de haut niveau continuent de pratiquer une activité l’hiver. C’est juste que les miennes sont plutôt atypiques.

 

Comment s’est passée ta saison 2019/2020 ?

Ma saison 2019/2020 a été pour moi une saison de reconstruction, car l’année 2018/2019 a été plus que compliquée. Je débutais celle-ci déjà vidée d’énergie alors que je rentrais dans la cour des grands en VTT. J’ai eu beaucoup de pression de la part de mon entourage et lorsque j’ai essayé de parler de mon mal être, ils étaient tellement habitués à la « machine » que j’étais qu’ils n’y ont pas cru. Puis la descente aux enfers a commencé. J’ai essayé de garder un masque pendant un certain moment, prétendant que tout allait bien, mais c’était faux. J’étais vide. Malgré cela j’ai réussi cette année-là à être, 2x championne de France et vice-championne du monde de ski alpin, mais j’ai vraiment utilisé mes dernières ressources sur ces courses. En effet, déjà en changeant de catégorie ma saison de VTT allait être plus intense, mais y aller dans ces conditions, a été mon chemin de croix. Je suis descendue à un niveau psychologique et physique tellement bas que je pensais arrêter le sport de haut niveau…

Heureusement, ma sœur a été là pour moi. Elle m’a comprise et m’a aidée à sortir la tête de l’eau. A partir de ce moment j’ai repris toute ma carrière en main, car ma rage de vaincre n’était pas complètement partie. J’ai changé d’entraineur, je suis allée voir une psychologue et un diététicien pour régler tous mes problèmes. J’ai en complément modifié tout mon mode de fonctionnement pour être une humaine avant un robot et prendre soin de mon corps.

De plus, j’ai reçu de l’aide de la part de mes partenaires les plus importants et le team Michelin en fait partie. Cette confiance qu’ils m’ont donnée et qu’ils me donnent encore m’a vraiment rassurée et m’a permis de continuer à croire en mes rêves. C’est donc en septembre 2019 que je reprends l’entraînement tranquillement pour reconstruire mon organisme.  J’ai réussi à faire des performances durant la saison d’hiver avec des podiums aux championnats de France, mais aussi d’être sélectionnée en Equipe de France.

Du côté du VTT, la saison n’a pas encore débuté à cause de la crise du COVID-19.  Cependant, cela ne m’a pas empêché de progresser afin de revenir au meilleur niveau pour les prochaines années.